Banda – Les Mbanza
Banda – Les Mbanza
Mbanza, quelque 350.000 individus, n’occupent pas un territoire d’un seul tenant; quatre groupes vivent dispersés dans le District de l’Ubangi et dans la moitié nord de celui de la Mongals. Les limites précises de la zone qu’ils habitent sont difficiles à déterminer d’après nos connaissances actuelles.
Nous disposons de très peu d’informations de première main sur les figures des Mbanza. Comme nous le verrons plus loin, il existe tout de même quelques données qui nous permettront de leur attribuer une série de statues.
A l’instar des autres peuples ubangiens, les Mbanza connaissaient aussi un être suprême. D’après les uns il s’appelait Bwende, d’après les autres Yilingu. Il passait pour être le Maitre de La Vie mais pas le Créateur et ne faisait l’objet d’aucun culte.
Les nombreux esprits des lieux et de la chasse étaient également importants. Les premiers habitaient dans les rivières, sur les collines et dans les forêts, tandis que la faveur des seconds était sollicitée par le chef de famille avant le début de la chasse (ou de la pêche).
A propos de la chasse, Mortier relevait l’existence de statuettes en argile ou en bois qui étaient conservées sous le toit de huttes miniatures.
Alors que la croyance à la survie des morts était très répandue, et contrairement aux Ngbandi, les Mbanza n’érigeaient toutefois pas de chasses en l’honneur de leurs parents défunts. Les petites constructions miaulas que Franz Tisonner décrivit en 1898 dans son livre “Im afrikanischen Urwals” (Dans la grande forêt de l’Afrique centrale Mon voyage au Congo et à la Mongala en 1896) et qui comportaient de petites figures anthropomorphes et zoomorphes en bois n’avaient probablement pas grand-chose à voir avec les ancêtres.
L’auteur avançait qu’il s’agissait de petits temples ou «maison nettes fétiches » ou encore d’autel consacré aux esprits protecteurs ou aux morts qui y étaient peut-être enterrée.
Déjà à l’époque de sa visite, les habitants des lieux semblaient y attacher peu d’importance, vu l’impression d’abandon qu’elles donnèrent à Thonner.
Comme nous l’avons dit, Mortier était d’avis que tes figures dans or type de constructions n’avaient effectivement pas de rapport avec les ancêtres, mais bien avec les usages propres à la chasse et avec des esprits impersonnels en général.
Le Belge Geo Morbriens, au service de l’état indépendant du Congo du roi Léopold Il, fit en 1897 un voyage d’exploration le long de la rivière Lus à travers le territoire «hostile » des Mbanza. Dans son compte rendu, il dessina six figures en bois quatre humaines et deux animales, que les Mbanza avaient installées à l’entrée d’un village pour stopper les intrus blancs.
Une des statues zoomorphes, un oiseau plat, est percée de petits trous à sa base, ce qui laisse supposer qu’il s’agissait d’un attribut de danse qui était porté sur la tête. Il est difficile de dire s’il s’agit du même type de figures que celles décrites par Tisonner et Mortier.
Les statues découvertes à fin du xix’ et au début du xx’ siècle chez les habitants des bords de la rivière Monda ressemblent quelque peu, morphologiquement, aux six sculptures qui arrivèrent en 1932 et 1933 au Musée royal du Congo belge à Tervuren et sont censés provenir des Mbanza.
D’autres statues, sans données quant à leur provenance, sont également proches de celles-ci. Il s’agit généralement de figures en bois, se tenant dans une attitude raide, les bras dégagés du corps et les pieds légèrement écartés. Leur tête plutôt ronde est ornée d’une coiffure singulière qui ressemble en général à un bonnet œuvrant le crène jusqu’au-dessus des oreilles. La scarification bien connue en crête de coq apparaît ici aussi sur le front et arête du nez. Peut-on attribuer toutes ces statues dont certaines ont été collectées dès la fin du XIX è siècle, aux Mbanza, plus particulièrement à ceux qui habitaient la rive droite de la rivière Mongala? Le problème est que, du même côté de la rivière, vivaient également des Ngbandi et plus en aval encore… quelques autres petits groupes ethniques qui à l’époque ont dû réaliser des sculptures. Les figures ubangiennes découvertes peuvent aussi bien provenir d’eux que d’un autre groupe ethnique. Jadis, on leur donnait à toutes l’étiquette «Bangala » tout à fait erronément comme il s’est avéré par la suite.
Il serait plus Juste de parler de sculpture faite par les habitants des bords de la Mongala ce qui est une définition un peu diffuse. Les quelques exemplaires montrant des preuves d’utilisation que l’on peut attribuer avec suffisamment de certitude aux Mbanza ne présentent pas d’unité de style. Ceci n’est pas étonnant puisque les Mbanza ne forment pas un groupe géographiquement homogène et ont localement subi l’influence de voisins plus dominants comme les Ngbandi et les Nitbake.
Une figure envoyée de chez les Mbanza au Musée de Tervuren à l’époque de état indépendant du Congo portait manifestement le nom de Balangbwa ou Akunga”. L’administrateur regional Georges Bril col lectionnaire d’une autre statue Mbanza originaire du village de Bua, rapporta que l’on considérait ce type de sculptures comme le protecteur de la famille « Souvent » écrivit-il « les fétiches sont attaches par une corde à un grand piquet placé devant la maison. Cependant il est d’usage presque courant de les tenir dans la case occupée par la famille”. Il s’agit donc visiblement ici d’esprits protecteurs familiaux et certainement pas d’effigies d’ancêtres puisque les Mbanza tout comme les Ngbaka ne représentent pas leurs ancêtres figurativement. Nous savons par ailleurs qu’ils représentaient aussi de temps en temps des esprits du village sous la forme d’une sculpture anthropomorphe ». Pour se qui est de la sculpture appliquée on a découvert quelques pipes à motif céphalomorphe chez l Mbanza. Elles présentent de grandes ressemblances avec les exemplaires analogues des Ngbaka.
This text has been excerpted from this Book:
Art and Cultures from the African Heartland Hardcover
Author: Jan-Lodew Grootaers
Publisher: Fonds Mercator; 1St Edition edition (2007)
Language: English
ISBN-10: 9061537401
ISBN-13: 978-9061537403